La médiation, nous l'étudions sous toutes ses formes sociologiques, et psychosociologiques.

Nous nous intéressons aux évolutions récentes des pratiques de séduction et aux expressions des nouvelles connivences et complicités dans les villes. Les pratiques autrefois analysées sous le terme : « Recherche de conjoint » sont ici reconsidérées en rapport avec les traditions des sociétés de Cour (Norbert Elias), à partir de l’héritage reçu des troubadours (Cour d’Amor).

Dans ce cadre, la mémoire collective (Maurice Halbwachs) a retenu des modèles de comportements, des stratégies amoureuses (Ovide : L’Art d’Aimer), des chants, des manières de faire sa cour, de vivre un amour, d’assumer une séparation, volontaire ou forcée.

Les ouvrages de la littérature classique (Racine, pour ne citer que lui) nous retransmettent en abondance les traces de ces traditions multiséculaires qui nous permettent d’accompagner ou rediriger nos attitudes présentes selon les modèles « romantiques » reçus de ces traditions et de leurs expressions littéraires.

La recomposition présente de nos sociétés urbaines montre tout à la fois de nouveaux phénomènes (familles dites recomposées) dans ce que Pierre Bourdieu avait appelé la « Reproduction sociale », et la rémanence de modèles retransmis toujours au travers des temps, qui idéalisaient et encadraient de très près les comportements d’approche, comme ceux de séduction, dont nous observons tous les jours la persistance dans les discours des victimes d’une séparation.

Nous y discernons le retour de « Paradis perdus », de modèles édéniques, de « pensers de l’enfantement », de représentations du « bonheur », de dépassements de la facticité et des contingences de nos existences, cadres qui nous apparaissent souvent aujourd’hui disparus tout en se continuant en profondeur dans nos pratiques actuelles.

Dans ces contextes nouveaux, de nouvelles cultures de la conjugalité et de la parentalité émergent, introduisant tout à la fois de nouvelles formes de « légalisation », de ritualisation, d’attente d’une nouvelle intelligence symbolique et pratique.

L’apport de l’anthropologie consiste à examiner ou visiter des sociétés autres que celle de l’anthropologue, qui va ainsi rapporter dans ses contextes d’appartenances propres le récit et la description des pratiques et usages de sociétés autres, à découvrir.

Depuis l’étude fondatrice de Claude Lévi-Strauss des « structures élémentaires de la parenté » (1949), La parenté constitue l'armature même du groupe social. Ou bien on est parent, ou bien on est un étranger, de nombreux sociologues ou anthropologues consacrent leurs travaux à la famille et à ses évolutions diverses dans nos univers « occidentaux » comme dans ceux des continents de l’hémisphère sud.

La médiation dite "familiale" est devenue un domaine particulier de la "médiation" prise en général, qui se rencontre partout où un tiers intervient dans une relation, un rapport... un ensemble de "liens" sociaux.

Ce tiers est parfois un "médiateur" (professionnel), parfois un personnage "axial"... parfois un tiers perturbateur, en tout cas, il est toujours relativement extérieur à la relation considérée.

Ce concept basique ou basal ("médiation") se décompose selon les milieux considérés, familiaux ou non (autres groupes, non familiaux), les circonstances, les "objets" (les "collectifs") visés ou reconstruits par le sociologue pour décrire "son" terrain.

Il y a médiation sous deux angles de vue principaux :

1. En interne (dans le groupe) dans n'importe quel groupe (sociologique, communauté, société...), car tout groupe se présente comme "organisé" (en réalité, cette organisation se "reproduit", se réorganise tout le temps, se transforme, car les médiations internes se recomposent indéfiniment, en nouant de nouvelles relations autour, par exemple, d'une première relation, d'un premier lien). La médiation, ici, est une forme, momentanée ou plus durable, d'un lien apparu ou consolidé, à partir d'une relation première sur laquelle il se greffe, dans le cadre de l'apparition d'un tiers dans cette première relation de départ.

2. En externe, dans, par exemple, l'animation sociale culturelle, de quartier...Toute relation humaine suppose une ou plusieurs médiation(s), car il ne peut pas exister de couple, de relation duelle, sans l'existence de tiers "extérieurs" à ce couple, à cette relation duale ou duelle. Les relations externes, de contextes, macro-sociologiques, entourent, et parfois encadrent, à la façon de tiers médiateurs potentiels virtuels ou réels, ces relations, internes ou de vis-à-vis, "duelles".

3. L'examen attentif des médiations, depuis plus de vingt-cinq années dans le cadre du suivi pluridisciplinaire conduit par des institutions telles que Parents-Enfants-Médiation, les révèle comme des forces incontestables de recomposition du "social", de métamorphose continuelle des groupes, considérés dans leurs rapports mutuels et réciproques.

La médiation, définie comme le fait de servir d'intermédiaire, de traducteur, d'intercesseur[1] (entendu au sens général du terme, ad vocatus, paraclet « défenseur », shoftim, celui qui plaide une cause, pas seulement devant un tribunal) renvoie aux retraductions, aux démarches diplomatiques, à tout ce qui peut faciliter la restauration, la réparation, la consolidation d'un rapport (lien), d'une relation, sociaux, autour de buts ou d'objectifs retrouvés comme communs, qui devront, par exemple, être de nouveau gérés ensemble, de concert.

Atelier d’Anthropologie Appliquée & Parents-Enfants-Médiation

Septembre 2014