PRÉFACE
DE L’AUTEUR
Il
m’a paru nécessaire, d’amener le lecteur, avant qu’il ne se plonge dans
ce récit, à revêtir la peau d’un jeune de l’entre deux guerres et bien
comprendre l’état d’esprit qui animait cette jeunesse.
Aujourd’hui
des mots comme « Patrie » Français, Boches, Allemands, et bien
d’autres n’ont plus la même signification et paraissent aux générations
d’après-guerre un tantinet désuets, si l’on veut bien leur donner le sens
qu’ils avaient à cette époque. Aujourd’hui on dira « Peuple »
pour remplacer le premier et « NAZIS » pour bien faire la différence
entre les monstres qui nous occupèrent durant 4 ans et demi et nos amis
Allemands d’aujourd’hui.
Je
crois même que beaucoup pensent en France aujourd’hui que la guerre 39-45 fut
faite par les Nazis et non par les Allemands.
Le
sens de NAZI n’avait pas l’importance dans les années quarante qu’on lui
donne à présent.
Les
français ne parlaient pas de nazis, mais de « BOCHES ». Ce vocable
recouvrait tous les Allemands, Nazis compris, la presse et la Radio ne parlaient
que d’Allemands sans distinguo.
Les
jeunes générations de l’après-guerre 14 fils et filles, des poilus ne
ressentaient que haine farouche pour ces boches hideux monstres, barbares,
sanguinaires. Pourquoi ? parce que la guerre 14-18 fut une guerre où tout
le peuple de France fut engagé totalement, derrière leurs « Poilus »
aux fronts.
Chaque
famille française ou presque fut touchée dans sa chair par cette apocalypse de
feu et de sang.
Tout naturellement alors, le BOCHE était L’ENNEMI avec un grand, très
grand - E.
Les
enfants de ces rescapés des tranchées, de ces prisonniers qui s’étaient
battus jusqu’à la limite, de ces gazés, de ces veuves de Verdun ou de
l’Argonne, dans quel esprit vouliez-vous qu’ils fussent élevés ?
Mais,
direz-vous avec une bonne foi qui ne peut être mise en doute, pourquoi après
la guerre de 14/18 et non pas après la guerre 39/45 ? C’est là sans
doute le point le plus aigu de notre histoire contemporaine qui fait que les
français ayant vécu, adultes, cette guerre se sont montrés à l’égard de
leurs descendances, des plus discrets, des plus vagues, ne relatant que des épisodes
entrecoupés de lacunes peu glorieuses.
Faisons
un point précis. Qui sont les générations issues des adultes de 39/45.
Fils
ou filles de combattant de la drôle de Guerre 39/40. S’il y eu
d’authentiques actes de bravoure, comment généralement cette armée Française
fut défendue ?
Fils
ou filles de prisonniers de guerre raflés sans avoir combattu ou pu combattre.
Fils
ou filles de communistes désemparés pendant un temps par le pacte Germano-Soviétique.
Fils
ou filles de Pétainistes, de trafiquants ou commerçants enrichis par le marché
noir, de collaborateurs passifs ou actifs, de déportés ou volontaires du
S.T.O., de résistants que l’on a ravalés au rang de brigands et d’ASSASSINS,
d’une poignée de F.F.L., et à part ces derniers, tous, je dis bien tous un
jour ou l’autre pour un temps court ou plus long ne purent subsister durant quatre
ans d’occupation sans avoir à mener de gré ou de force à une sorte de
collaboration. Du paysan qui livrait sa récolte à la réquisition à ceux, et
ce furent les plus nombreux, qui ne purent gagner leurs quinzaines qu’en
travaillant directement ou indirectement pour le IIIème Reich.
Si
après le 06 juin 1944 tout le monde ou presque devint un « Authentique Résistant »,
comment dire à ses enfants oui mais avant « J’étais, je fus, j’ai
fait ou du faire ».
Lui,
le **** de 1944, sur les Champs Elysées derrière De Gaulle avait-il l’âme
totalement sereine ? C’est au cours de ces quatre ans d’occupation, que
l’amour sacré qui faisait la quasi-UNITÉ des générations d’avant 39, se
consuma en 45. Dans sa diversité d’opinions et d’options venait de naître
le PEUPLE Français.
Unanimes
hier encore derrière leur Führer, les Allemands furent dédouanés par le procès
de Nuremberg qui ne condamna que les criminels de guerre, c’est ainsi que les
fiers occupants plein de hargne et de morgue pour les Français défaits sans
gloire devinrent des citoyens, Allemands contraints à l’obéissance sous le régime
Nazi et nos Amis Allemands 12 ans plus tard.
Les
Italiens pendirent leur DUCE par les pieds mais qu’en eut-il été si
MUSSOLINI avait rendu l’Italie victorieuse ?
Seuls les Anglais en Europe de l’ouest conservent leur unité qui n’avait pas failli un seul instant.
Extraits
du carnet de Jean Bouthier