Les Points-Rencontres n'ont rien à voir avec une médiation - Juillet 2006.

Depuis plus d'une décennie les magistrats et les avocats paraissent confondre les relations parentales organisées grâce à la médiation familiale, conduite avec responsabilité et professionnalisme, et celles qui s'organisent dans le cadre de décisions de justice mandatant des points-rencontres...

Le Ministre a annoncé une augmentation des fonds alloués à ces Points Rencontres. Malheureusement, ces subventions n'apportent pas une justification à ce type d'endroit qui constituent des violences morales, créent ou renforcent la défiance pour les enfants de parents séparés, au lieu de leur permettre de construire des relations saines avec le parent qui est contraint, par décision judiciaire, d'y venir...

Les opposants au Points rencontres ne sont pas entendus.

Une confusion est faite entre les pratiques qui mettent en valeur des rencontres parents-enfants dites "médiatisées", et les pratiques qui apportent aux parents des moyens de dialoguer et prendre ensemble des décisions responsables bénéfiques aux enfants. Pourquoi cette confusion est-elle entretenue dans les esprits ?

Les parents séparés ou divorcés qui se plaignent de relations bloquées avec leurs enfants sont très nombreux, à la suite même de mandats judiciaires ayant organisé des rencontres "médiatisées" confondues le plus souvent à une pratique de la médiation familiale.

Les associations et groupes qui, en France, se plaignent des points-rencontres, n'arrivent pas à se faire entendre. En 1999, le Comité Parental de Réflexion sur la justice familiale et la médiation familiale, avait fait le point au lendemain de la Commission Dekeuwer-Defossez, laquelle avait souligné que "l'obligation pour l'enfant de rencontrer son père et sa mère dans un point-rencontre peut constituer pour lui une véritable violence".

Les Points Rencontres en échec discréditent-ils l'essor de la médiation familiale ?

La Commission Dekeuwer-Defossez avait fait clairement la distinction entre la médiation familiale, qui n'exerce pas en matière de rencontres judiciarisées, et la pratique des points-rencontres, dite de "lieux neutres". Les droits de visites et rencontres parents-enfants, surveillés, cadrés en droit comme en fait, destinés par ordonnance, sont dans bien des cas à mille lieux d'assouplir les relations interparentales.

Les points-rencontres sont nés d'une période qui ne permettait pas encore à la médiation familiale d'exister pleinement. Or depuis la loi de mars 2002, il n'y a plus aucune raison de majorer les rencontres sécurisées et cadrées en points-rencontres, qui suppriment les visites de l'enfant au domicile du parent qui n'a pas la résidence principale.

Les solutions plus souples et adaptées des nouveaux dispositifs de la loi, autorisent par exemple la résidence alternée, ou des hébergements alternés de l'enfant entre les deux domiciles. Ceux-ci souvent, sont organisés et agencés par les parents eux-mêmes ayant suivi un processus entier de médiation familiale.

On comprendra que les efforts à faire pour se parler et s'entendre en médiation familiale, confèrent à ces pratiques une incontestable supériorité dans la satisfaction de l'intérêt supérieur de l'enfant, quand celles des points-rencontres cautionne et légalise la capture morale et matérielle du quotidien de l'enfant par un seul de ses deux parents.

(Texte publié dans le Médiatoroscope de juillet 2006)
Alain Bouthier
Parents Enfants Médiation