La grand-mère, de courte taille. Menue. Les cheveux longs ramenés en
chignon. La blouse fleurie aux larges poches.
Le grand-père, casquette, pantalon de velours beige, chemise à carreaux,
le mouchoir en tissu et le couteau dans la poche.
L'eau.
Dessous, avait dit le sourcier. et alors on avait creusé.
La terre.
Deux vieux fauteuils de voiture installés dans la cour devant le hangar, et
là ils triaient le raisin, qui sera porté ensuite sur le marché et aux
grandes surfaces. Les vieux ciseaux rouillés, les seaux, les comportes et
les cagettes.
Les cagettes stockées dans un autre hangar et dont les piles
s'élevaient jusqu'à toucher les poutres. Les odeurs de terre battue, de
légère humidité dans le sombre du bâtiment, et la lumière vive et
ensoleillée du dehors.
Aussi les plants de tomates, melons, les pêches qui grossissaient sur
l'arbre. Les blés.
L'arbre à coings, les ronces. Les cerisiers. Figuiers de Barbarie.
Lauriers roses. Mimosa...
Les cigales, le vent, les pins, les roseaux, le chemin poussiéreux et
caillouteux.
Chacun sur le chemin de ses pensées. La vue, l'avenir.
Les herbes folles, les chiens chassent les chats. Le four du dehors,
construit par des ouvriers espagnols saisonniers soixante ans plus tôt.
L'odeur du figuier contre les pierres de carrière de la vieille maison.
Le père de la grand-mère, ferronnier et serrurier en son temps, avait
réalisé le salon de jardin, en fer forgé, blanc qui rouillait dans le
temps qui passe.
Faisans, sangliers, perdrix, lièvres et lapins.
Chênes, bosquets garrigue. Vignes, partout.
Plus tard, l'horizon rétrécit : l'éden cerné par l'homme pressé,
empressé, bâtisseur de zones, dite artisanales.
La terre des hommes peau de chagrin.
Judith
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